Fu Xi, l’ancêtre mythique (peinture sur soie, Musée National du Palais, Taïwan).
Qui a écrit le Yi Jing ?
Confucius, l’illustre sage du VIe siècle avant J.-C. (estampe chinoise du XVIIIe siècle).
Compagnon de Nü Wa, « la mère de tous les humains », Fu Xi est ce héros mythique qui, entre autres choses, dessina les trigrammes (assemblages de trois traits yin et/ou yang).
Les trigrammes représentent les flux invisibles qui tissent la trame énergétique de chaque instant. Ils sont au nombre de huit : le Ciel, la Terre, le Feu, l’Eau, le Tonnerre, la Montagne, la Brume et le Vent.
Les Zhou constituent la dynastie qui renversa celle des Shang au milieu du XIe siècle avant notre ère.
L’épopée des Zhou est intimement liée à l’histoire du Yi Jing et commença avant même leur accession au pouvoir. En effet, celui qui allait devenir le futur Roi Wen fut d’abord emprisonné pendant des années par le tyran Di Xin, le dernier suzerain des Shang.
C’est durant cette période d’enfermement qu’il agença les trigrammes par couples, formant ainsi les 64 hexagrammes du Yi Jing.
À chaque hexagramme, il donna un nom et associa un texte, dit « Jugement », lequel décrit la situation représentée par l’hexagramme.
Son fils, le Duc des Zhou, ajoutera plus tard les textes expliquant la signification des traits (chaque hexagramme étant composé de six traits).
Enfin, dernier contributeur désigné du Yi Jing : Confucius. La tradition lui attribue la rédaction des Dix Ailes, c’est-à-dire les dix chapitres de commentaires canoniques du Classique des Changements.
Il s’agit pourtant là d’une impossibilité chronologique puisque, à l’époque où vécut Confucius, soit au VIe siècle avant notre ère, les commentaires canoniques n’existaient pas encore.
Ce discours traditionnel sur le Yi Jing, établi au début de l’époque des Han (IIe siècle avant J.-C), n’avait d’autre but que d’aider ces derniers à se concilier les bonnes grâces des lettrés confucéens.
Bien sûr, l’entorse historique était conséquente, mais moindre d’un point de vue philosophique.
Comme le souligne le sinologue Cyrille Javary dans son livre Le discours de la tortue, le Yi Jing et l’étude confucéenne avaient, après tout, un même objectif commun : « soulever le couvercle qui nous coupe du reste du monde et établir avec notre environnement un rapport de relation générant une réelle co-naissance. Pour Confucius « étudier » signifie donc bien autre chose qu’accumuler des connaissances, mais plutôt savoir trouver l’action juste qui correspond au moment. En cela son objectif est complètement identique à celui que propose le recours au Yi Jing. »