Comment poser sa question ?

Pourquoi est-il important de poser sa question à la première personne du singulier ? Parce que le Yi Jing est une voie d’accès direct à notre inconscient (notre Moi supérieur qui a une vue plus large de la situation), pas le sésame qui ouvre les portes de l’inconscient d’autrui.

S’imaginer cela et interroger le Yi Jing pour savoir ce que telle ou telle personne a dans la tête, comment elle va agir avec nous, etc., c’est le plus sûr moyen d’obtenir une réponse incompréhensible.

Ceci sans compter que le Classique des Changements est peuplé de personnages symboliques. Or, lorsqu’on rencontre le Roi, le Chef Accompli, ou l’Être Petit au détour du texte d’un hexagramme, comment savoir à qui ce dernier fait référence ? À nous-même, ou à la personne dont on aimerait connaître les intentions ?

Le Yi Jing est un excellent outil pour découvrir la meilleure stratégie pour atteindre nos fins. Pas pour sonder l’âme d’autrui.

Le Yi Jing n’est pas une boule de cristal. Il ne nous dit pas l’avenir, la bonne aventure. Il parle de notre présent. Il nous donne à voir des éléments de la situation qui échappent à notre connaissance et/ou à notre compréhension et nous propose la stratégie la plus adéquate par rapport à l’instant présent.

Car, avec le Yi Jing, tout est toujours question de moment juste, de la meilleure façon d’être raccord avec le présent. Même l’hexagramme de perspective ne nous parle pas d’avenir, mais de ce qui est à l’état de bourgeon dans la situation.

Poser sa question au présent, c’est s’accorder à la nature du Yi Jing, qui est un manuel d’aide à la prise de décision, un livre qui parle de l’instant présent et rien d’autre.

En s’efforçant de rendre notre question la plus courte et la plus simple possible, on limite un risque important : celui de glisser des sous-questions dans la question principale, ou de fondre plusieurs questions en une seule. Ce sont, là encore, deux voies royales vers une réponse du Yi Jing incompréhensible et la possibilité de se retrouver déconnecté.e de ses émotions durant le tirage, lesquelles sont pourtant essentielles à sa qualité.

Les questions du type « comment obtenir ce nouveau job si ce job est fait pour moi ? » sont typiquement de celles qui nous font aller droit dans le mur. Elles sont à proscrire, car elles contiennent en réalité deux interrogations (« comment obtenir ce job? » et « ce job est-il fait pour moi? »). Pour ce genre de question, il faudra effectuer deux tirages. Le premier avec une question du type « que peut m’apporter ce job ? », le second en interrogeant le Yi Jing sur la meilleure stratégie à suivre pour obtenir l’emploi que l’on convoite.

La question simple vise généralement à déterminer ce qu’on peut tirer d’une situation, ou comment obtenir ce que l’on veut. Elle se formule souvent d’une des deux manières suivantes :

• Que peut m’apporter le fait de… (déménager, postuler pour cet emploi, fixer un rancart à telle personne, etc.) ?
• Quelle est la meilleure stratégie pour…

La question double se pose lorsqu’il y a un choix à faire entre deux options (exemple : partir en vacances à la mer ou à la montagne, choisir entre deux propositions d’emploi, etc.).

Dans le cas d’une question double, on effectue deux tirages : l’un pour l’option A, l’autre pour l’option B.

Opter pour un double tirage est souvent bien utile lorsqu’on est tiraillé.e entre deux choix. Cependant, cette technique réserve parfois quelques surprises.

Pour aller plus loin: Cyrille J-D Javary, Les rouages du Yi Jing, Ed. Philippe Picquier, 2019.