Parfois, les réponses du Yi Jing ont de quoi nous laisser perplexe. Cela arrive plus précisément dans trois types de situations. Tour d’horizon de ces cas de figure un peu particuliers et solutions pour les éviter.
On est tou.te.s passé.e.s par là. Pressé.e d’obtenir une réponse du Yi Jing, on lance les pièces (ou on tire les baguettes), on construit notre hexagramme et… le tirage que l’on obtient nous plonge dans un océan de doute et de perplexité. Parfois, c’est de notre faute. La consultation du Livre des Changements est un art et on a oublié d’en respecter les règles essentielles. Et puis parfois, on fait tout bien comme il faut et on se retrouve quand même dans la panade, avec l’impression que l’oracle chinois ne répond pas tout à fait à notre question. Mais qu’est-ce qui peut bien expliquer cela ?
Cas n°1 : le Yi Jing répond à une autre question
C’est le cas de figure classique lorsqu’on a l’esprit obnubilé par un problème « maous costaud » et qu’on interroge le Yi Jing sur tout autre chose. Par exemple, on traverse une passe très difficile avec notre partenaire qui trépigne à l’idée d’avoir des enfants, alors que pour ce qui nous concerne, on verrait plutôt ça dans 2-3 ans.
Cette histoire de bébé nous mange pas mal de temps de cerveau disponible, mais bien sûr les soucis de la vie ne s’arrêtent pas à ça. Entre autres choses, il y a ce nouveau collègue au bureau avec qui les rapports sont un peu tendus et on aimerait bien que le Yi Jing nous conseille sur l’attitude à adopter avec cet olibrius. Problème somme toute secondaire, mais quand même. Alors on procède à un tirage « vie professionnelle » et, surprise !, l’oracle semble plutôt nous parler de notre vie de couple. Que faire ? Renoncer à tout tirage qui s’éloigne un tant soit peu du dilemme « baby or not baby » ? Non, bien sûr.
Dans ce genre de situation, le défi est de parvenir à créer suffisamment d’espace en soi pour que notre inconscient puisse répondre à autre chose qu’à ce qui tourne H24 dans notre tête. Pour y arriver, la méditation est un excellent moyen, l’idée étant de pratiquer juste avant le tirage. Si vous n’êtes pas adepte de la méditation, vous pouvez aussi vous livrer une bonne séance de sport, à une marche en forêt ou toute autre activité capable de vous libérer (vraiment) l’esprit.
Ensuite, procédez à votre tirage, en choisissant si possible la méthode de tirage avec des baguettes (ou tiges d’achillée), méthode qui a l’avantage de prendre plus de temps que la méthode avec des pièces et d’exiger un certain niveau de concentration, ce qui est idéal pour venir à bout des pensées parasites.
Cas n°2 : Le Yi Jing répond deux fois à la même question
Ce genre de problème n’est possible que dans le cas d’un double tirage, c’est-à-dire un tirage pour l’option A et un tirage pour l’option B. La méthode du double tirage est très efficace lorsqu’on est confronté.e à un choix… à condition que ce soit un « vrai » choix. Je m’explique.
Imaginons que je m’interroge sur ma prochaine destination de vacances et je consulte le Yi Jing : mer ou montagne ? Ça, c’est le type de choix qui a toutes les chances d’aboutir à deux réponses claires et distinctes. Maintenant, imaginons que mon double tirage soit basé sur une question du type « partir en vacances ou pas ? ». Là, il existe un risque que l’oracle me parle de l’option vacances… dans ses deux réponses !
Ce n’est pas systématique, mais j’ai déjà pu constater au fil de ma pratique que le Yi Jing ne répondait parfois qu’à l’option « nouveauté ». Dans l’exemple que j’ai donné, seule l’option « partir en vacances » me fait sortir de mon train-train quotidien, tandis que l’option « ne pas partir » m’y maintient. Alors autant pour le double tirage « mer ou montagne » (donc deux options « nouveauté »), j’ai toutes les chances d’obtenir deux réponses distinctes, autant pour celui « partir ou ne pas partir », je m’expose au risque d’avoir deux réponses pour l’option « partir » (avec des nuances différentes, comme pour me donner le tableau le plus complet de ce que m’apporterait le choix de la nouveauté).
Dans un sens, le Yi Jing est logique : qu’il y a-t-il vraiment à attendre d’un statu quo, sinon la poursuite de ce même statu quo ? Pour ce genre de cas, je privilégie donc une question unique, du type « Que peut m’apporter le fait de… (ici : partir en vacances) ».
Attention ceci dit à ce que j’appellerais les « faux statu quo ». Un exemple : notre couple bat de l’aile et on est partagé.e entre l’idée de rester avec notre partenaire et celle de le/la quitter. Ici, on n’est pas dans une situation du type « train-train quotidien versus nouveauté», puisque, dans notre couple, un processus de détérioration – donc un changement – est déjà à l’oeuvre. Dans ce genre de cas, le double tirage se justifie puisque, quelle que soit l’option choisie, ce que deviendra la relation sera forcément différent de ce qu’elle a été.
Alors là, vous me direz : « Euh, mais Candice, à quoi ça sert d’interroger le Yi Jing si c’est pour qu’il nous envoie quand même dans le mur ? » Pas dans le mur, j’ai dit, mais là on n’a pas forcément envie d’aller. Et c’est très différent.
Petit exemple personnel. Il y a presque deux ans, j’étais face à une situation familiale difficile, confrontée à ce qui est parmi le pire genre de questions qu’on ait à traiter avec ses proches : les questions d’héritage. A cette époque, j’avais le franc sentiment qu’on était en train de me faire un « sale coup » et en même temps, les personnes concernées étant chères à mon coeur, j’étais très tentée de m’écraser pour préserver mes relations avec elles, quitte à ce que ça me coûte quelques maux d’estomac.
Mais évidemment, quand on a fait du Yi Jing son vieux compagnon depuis tant d’années, difficile de le laisser sur le rayon de sa bibliothèque lorsqu’on est face à une telle question. J’ai donc interrogé l’oracle chinois et j’ai obtenu l’hexagramme 59, Dénouer, avec le premier trait mutant. Le conseil était clair : il était temps de ruer dans les brancards (et, si vous avez déjà parcouru en entier le Livre des Changements, vous savez combien ce genre d’injonctions y est exceptionnel).
J’ai donc été au feu et… ça a été horrible. Les échanges familiaux qui ont suivi m’ont tordu le bide pendant un mois. C’est vrai, mais, avec le recul, c’était absolument nécessaire. Ne pas avoir percé l’abcès à ce moment-là aurait à coup sûr pourri mes relations familiales sur le long terme, sans possibilité de retour (ou très difficilement) puisque des décisions concrètes et irréversibles auraient alors été prises. Tandis qu’aujourd’hui, après avoir traversé une vraie tempête avec certains membres de ma famille, les choses vont beaucoup mieux et, pour rien au monde, je ne voudrais revenir sur mon choix guidé par le Yi Jing.
Illustration : Monstera sur Pixabay