Juger, être jugé.e, se juger, se sentir jugé.e… La palette énergétique par laquelle passe le jugement humain, c’est 50 nuances de Yin-Yang ! Or, connaître ces nuances peut nous apprendre à être plus tolérant.e envers nous-mêmes, ainsi qu’avec les autres.

Le jugement est un bel exemple d’attitude qui peut se décliner en version yin et en version yang. Pas besoin de chercher midi à 14h pour trouver son aspect yang. Lorsque nous jugeons une personne, nous sommes dans l’action, nous posons un acte : nous donnons notre avis. Et peu importe que ce soit pour couvrir l’autre de louanges ou le descendre en flammes, dans les deux cas c’est un jugement.

Le jugement 100 % yang : je balance mes opinions
À moins d’être la réincarnation de Jésus ou de Bouddha en plein come-back terrien, on peut dire sans se tromper que toutes et tous, nous jugeons en permanence. Car juger, c’est discriminer (c’est-à-dire différencier). C’est évaluer. Les gens et les situations. Et si nos ancêtres n’avaient pas appris à faire rapidement la différence entre un lynx inoffensif ou un tigre aux dents de sabre, nous ne serions tout simplement pas là. Aujourd’hui encore, de notre capacité à bien juger une situation ou une personne peut dépendre notre bien-être, voire notre survie. C’est le cas, par exemple, lorsque nous décidons de faire de l’auto-stop et de monter dans la voiture d’un.e inconnu.e, ou, dans un autre registre, de lancer une affaire professionnelle avec un.e associé.e. Juger, c’est essentiel. L’ennui, c’est que lorsque, emporté.e par notre élan yang, nous émettons un jugement sur une personne, devant cette dernière ou des gens de son entourage, nous pouvons causer de gros dégâts.
Le jugement yang teinté de yin n°1 : je me raconte des histoires
Ça, c’est pour la face yang la plus évidente du jugement, pour le coup très yang puisque le jugement est ici exprimé ouvertement (action tournée vers l’extérieur). Mais même cadenassé dans notre boîte crânienne (une face yang un peu plus yin, donc), le jugement reste une arme d'(auto)destruction massive, car il donne à notre perception, qui est par essence subjective, le statut de réalité objective, donc impossible à remettre en question. C’est la petite histoire empoisonnée qu’on se raconte et qui aboutit à une conclusion sans appel :« Mon conjoint est de plus en plus distant? C’est forcément qu’il commence à se lasser de moi. Ou peut-être qu’il ne m’aime plus. En fait, non, c’est certainement qu’il me trompe ! »  À partir d’informations parcellaires, notre mental s’emballe, échafaude des théories plus angoissantes les unes que les autres et nous fait passer à côté de la réalité, réalité qui est peut-être que Cher et Tendre a des soucis qu’il n’arrive pas à partager. Cela, on ne peut le découvrir qu’en adoptant une attitude ouverte et non jugeante, pas en restant enfermé.e dans notre imaginaire flippant.
Le jugement yang teinté de yin n°2 : je m’auto-flagelle
Autre exemple de version yang du jugement teintée de yin : le fait de se juger soi-même. Teintée de yin, car l’action de juger est ici tournée vers notre propre personne (et le yin est centripète). C’est ce qui arrive notamment lorsque nous nous comparons aux autres, par exemple sur le mode « Telle femme a le même âge que moi, a suivi les mêmes études et se retrouve maintenant avec un métier de rêve, un revenu mensuel à plusieurs zéros et une maison digne de figurer en couverture de Elle Déco. Chaque fois que j’entends parler d’elle, je me sens comme la dernière des m… » Ça, c’est le genre de rengaine interne propre à nous envoyer fissa au 36e dessous, mais aussi à nous empêcher de tirer des enseignements du modèle auquel nous nous comparons. Forcément, à décréter que cette personne est « par essence » mieux que nous, ou que la vie l’a pourrie gâtée (et pas nous), il y a peu de chances que nous prenions la peine d’analyser ses choix de vie, l’attitude, ou la mentalité particulière qui l’a menée vers ces sommets de l’existence que nous convoitons. En clair, à force de la juger et de nous juger, nous nous privons des leçons que nous pourrions tirer de son parcours, ce qui équivaut à s’autoflageller et à s’en mettre plein la poire pour… rien.
Le jugement yin : j’accueille les coups (et je trouve ça normal)

Voilà pour les différentes facettes yang du jugement. Mais qu’en est-il de la facette yin, à savoir le fait de se sentir jugé.e ?

Se « sentir » jugé.e, pas « être » jugé.e.

La nuance ? Lorsqu’on est jugé.e, on n’est pas impliqué.e. C’est juste la suite logique de l’action yang d’un inquisiteur à la petite semaine, mais en réalité, ça ne nous concerne pas, ça ne nous touche pas.

Se sentir jugé.e est la véritable facette yin du jugement car, dans ce cas, on a un rôle et un rôle yin, puisqu’on reçoit, on accueille, on donne de la place à l’opinion et à la critique de l’autre dans notre vie.

Et pourtant. Au risque d’en faire hurler certain.e.s, rien ne nous oblige à être sensible à la critique d’autrui. Car si quelqu’un nous critique, voire nous insulte, cela ne dit rien de nous et tout de cette personne.

Puisque la réalité objective n’existe pas et que tout est affaire de perception, le jugement dont on fait l’objet n’est jamais que le résultat des perceptions subjectives d’un individu à notre encontre, ou de sa volonté de nous blesser (dans ce cas, on peut carrément le remercier d’avoir tombé le masque et commencer à réfléchir à à la façon de se protéger d’une telle relation toxique).

Enfin, lorsqu’une personne se permet de relever l’un de nos défauts, c’est bien souvent parce qu’elle-même est incapable de voir cet aspect-là de sa propre personnalité. L’effet miroir lui est tellement insupportable qu’elle en vient à tenir des propos désobligeants. Encore une fois, ça n’a donc rien à voir avec nous.

Bien sûr, une critique peut aussi être constructive, destinée à nous faire progresser. À ce type de critiques, nous pouvons laisser notre porte ouverte, tout en la fermant aux autres formes de jugement. À nous de faire le tri. Et de garder toujours à l’esprit l’un des quatre accords toltèques : n’en fais pas une affaire personnelle.

Illustration : © Candice Vanhecke

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