Aujourd’hui, il existe de nombreuses pratiques de guérison alternatives. Certaines sont de nature yin, douces et respectant le rythme de chacun.e, d’autres sont plus « yang », plus énergiques et leur puissance peut nous déstabiliser, surtout si on n’est pas (ou mal) accompagné.e. Récit d’une expérience que j’ai faite en la matière, en début d’année.

Libération émotionnelle. Dans le monde du développement personnel, ces deux mots nous sont souvent vendus comme le Graal suprême. Pas forcément à tort, puisqu’il est vrai que certaines émotions profondément enfouies peuvent impacter notre bien-être, voire même notre santé, et s’en libérer engendre souvent un vrai changement dans nos vies (comme ce fut mon cas après une expérience assez incroyable que j’ai relatée ici).

Parmi les thérapies dites alternatives, plusieurs peuvent nous aider à relâcher ces émotions refoulées. Certaines de façon yin, comme le massage, ou encore des thérapies énergétiques telles que le magnétisme ou le reiki. Ce sont des techniques douces : elles ne provoquent rien, mais refont circuler l’énergie en douceur pour permettre aux émotions qui le doivent d’émerger. D’autres techniques, comme le breathwork ou la transe (chamanique ou suivant la prise de substances psychédéliques) sont plus yang, plus « fortes » en quelque sorte, car elles induisent plus directement un état de conscience modifiée propre à ces fameuses expériences de libération émotionnelle (ou d’autre type, d’ailleurs).

Des techniques « straight to the point » ? Sans doute. Mais pour qu’une libération émotionnelle soit bénéfique, il y a un temps pour cela, une personne adéquate pour nous accompagner et un contexte adapté. Au risque, sinon, d’en payer les pots cassés.

Le breathwork, une pratique « cool » ?

J’en ai fait les frais en ce début d’année. À la base, j’avais vu passer sur Instagram une invitation à participer à une session de breathwork en ligne, dans l’optique de poser ses intentions pour 2023 en respirant ensemble.

L’initiative me plaisait. La personne qui la proposait est une praticienne que je suis depuis quelque temps sur les réseaux sociaux et qui m’inspirait confiance. Le breathwork, à ce moment je ne connaissais pas, en tout cas je ne l’avais jamais encore expérimenté. Mais puisque le but de la soirée était de poser et de visualiser ses intentions pour la nouvelle année (et pas de revivre sa naissance, revisiter des vies antérieures, ou que sais-je), je n’imaginais pas rentrer dans la machine à laver.

C’est pourtant ce qui s’est passé.

Au cours de ces 50 minutes (!) de profondes inspirations et expirations en continu, des émotions aussi fortes que douloureuses ont émergé. À la fin de la session, loin d’en être libérée, j’ai continué à mijoter dans cette soupe émotionnelle toute la soirée, ainsi que les jours suivants. Ce n’est finalement qu’après un reiki prodigué par ma thérapeute énergéticienne que je suis parvenue à sortir de cette tempête intérieure à laquelle je ne comprenais rien et qui commençait à sérieusement impacter mon quotidien.

Quand l’accompagnement est inexistant

Suis-je en train de dire que le breathwork et les autres pratiques de type yang sont à mettre à la poubelle ? Absolument pas.

Pouvoir se libérer d’émotions stagnantes ou profondément enfouies, qui peuvent potentiellement affecter notre psychisme ou notre santé, c’est un cadeau. Mais il y a un temps et un espace pour cela.

Or le timing pour moi n’était pas bon. Je sortais justement d’un gros travail sur des émotions datant de l’enfance et n’avais aucune envie de repartir aussi vite pour un nouveau tour de manège. Si j’avais su que la pratique du breathwork était aussi forte, je n’y aurais pas été. En tout cas pas à ce moment-là.

Quant à l’espace… J’ai du mal à comprendre comment on peut proposer en ligne des techniques aussi puissantes, qui plus est assorties de contre-indications médicales. Ces dernières ont bien été énumérées en début de session (« Ne participez pas si vous êtes épileptique, si vous souffrez de troubles psychiques, de problèmes cardiaques, etc. »). Mais sait-on forcément qu’on est à risque de faire un malaise cardiaque, une crise d’épilepsie ou une attaque de panique si on n’en a jamais fait auparavant ? En présentiel, un.e praticien.ne correctement formé.e saura comment intervenir, et appeler les secours au besoin. Mais si la session se passe en ligne ?

Pratiques en ligne : certaines sont ok, d’autres à éviter

Bien sûr, on me rétorquera que, si on commence à raisonner comme ça, on ne fait plus rien, et mon but n’est certainement pas de détourner de leur quête les personnes qui cherchent à aller mieux, mais plutôt d’alerter sur les dangers du « tout en ligne ».

Autant des séances qui font appellent au mental du/de la patient.e ou client.e (psychothérapie, mais aussi lecture de thème astral, tirage de tarot, etc.) peuvent très bien s’y prêter, autant il en va autrement lorsque la dimension énergétique de l’individu est puissamment mobilisée (car après tout, c’est bien de cela qu’il s’agit dans le breathwork : refaire circuler l’énergie pour libérer des blocages).

Sans aller jusqu’au scénario catastrophe du couac médical, tout praticien.ne de ce genre de technique puissante devrait savoir qu’il y a un monde entre le fait de vivre une libération émotionnelle de grande ampleur en jouissant d’une présence bienveillante à ses côtés, qui peut éventuellement accompagner par la voix et le toucher, et le fait de vivre ce genre d’expérience seul.e derrière son smartphone, sa tablette ou son laptop.

Pour moi, ça s’est soldé par quelques jours de vrai mal-être (alors que je me sentais bien jusque là). Mais que se passerait-il pour des personnes qui sont déjà dans un état de grande détresse psychologique?

Après cette expérience, c’est à ces personnes que je pense. Ce soir-là, nous étions quelques 200 participant.e.s. à la séance de breathwork en ligne. Aujourd’hui, j’espère que chacune de ces personnes se porte bien, et qu’aucune d’entre elles n’a connu de sérieux problème  pendant la session Zoom, ou une fois sa webcam éteinte.

Illustration : Indian Yogi (Yogi Madhav) sur Unsplash

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